Canadian Institue Of Planners

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Commission de la Capitale Nationale du Québec

 
Fruit de 35 années de réflexion et de travail, le réaménagement du littoral se révèle un enjeu majeur pour Québec dès les années 1980. Le fleuve Saint-Laurent, qui fut longtemps une voie d’accès privilégiée à tout un continent, a peu à peu cédé le pas au réseau viaire moderne, avec pour résultat que la ville est détournée du fleuve et voit l’occupation de ses rives dédiée à des fins industrialo-portuaires[1]. Les organismes environnementaux initient une série d’études afin de documenter la situation. S’ensuivent des réflexions mises de l’avant par différents organismes régionaux, dont la Communauté urbaine de Québec, qui adopte un schéma d’aménagement en 1985 identifiant les rives du fleuve comme territoire d’intérêt esthétique et écologique auxquels se greffent des « itinéraires touristiques ».  Progressivement, la pression populaire se fait de plus en plus pressante pour un meilleur équilibre des activités industrielles et portuaires avec un usage récréotouristique.

L’idée de réaliser une vision intégrée du littoral, entre les ponts et le port, germe au sein de la Commission de la capitale nationale du Québec dès sa création en 1995. Suite à l’élaboration d’études et de plans en partenariat avec les villes riveraines et le ministère des Transports du Québec, la Commission joue un rôle fédérateur en entreprenant plusieurs consultations publiques auprès de la population. L’ensemble de cette démarche lui a permis de confirmer le secteur du boulevard Champlain comme celui étant le plus anthropisé et présentant le plus de potentiel d’appropria­tion par les Québécois. Cela a mené à la préparation du plan directeur de la promenade Samuel-De Champlain, rendu public en 2002. Un tronçon allant de l’actuel quai des Cageux à la côte de Sillery a été désigné pour devenir la première phase de réalisation.

Le 400e anniversaire de Québec en 2008 a fourni l’occasion idéale pour réaliser la première phase d’une grande vision visant à redonner le fleuve aux Québécois. En prenant appui sur la réflexion de la Commission de la capitale nationale du Québec en développement urbain, le gouvernement du Québec a donc choisi de concentrer son legs à Québec le long du littoral et d’y consacrer un montant de 70 M$. 2,5 kilomètres de paysage côtier ont été revitalisés tout en suivant les traces historiques et l'esprit originel de cette partie du rivage. Ce projet a été livré, tel que prévu, le 24 juin 2008 et a été immédiatement adopté par le public.

La première phase de la promenade Samuel-De Champlain n’aurait pu voir le jour pour 2008 si des actions n’avaient pas été entreprises par la Commission avant l’annonce officielle du projet en mai 2005. En premier lieu, il y a la vision de personnes-clés à la Commission qui ont anticipé le développement du concept original de la phase 1 du projet et procédé à l’achat des terrains de la compagnie Irving; deux actions déterminantes, les maillons essentiels pour sa réalisation.
Ce premier jalon propose différents espaces qui se succèdent le long d’une immense piste cyclable et d’un sentier piétonnier que le revêtement en béton blanc rend festif et très lumineux. La première préoccupation des concepteurs a été d’inhiber le système autoroutier qui traversait le terrain sur sa longueur; la deuxième a été d’essayer de rendre confortable cet immense espace en soignant les notions d’échelles et d’équilibre, mais aussi en apportant une attention particulière aux matériaux employés et à la végétation sur le site. Inspiré des humeurs du Saint-Laurent et de ses paysages, mais aussi connecté à l’histoire du lieu, l’aménagement se veut à la fois poétique et résolument contemporain.

Grâce à son design urbain unique, le projet contribue grandement à la revitalisation des berges du Saint-Laurent dans un contexte de qualité et d’exemplarité. Il est un véritable souffle de vie et de prospérité pour la ville de Québec et ses environs. Depuis sa mise en service, la promenade Samuel-De Champlain constitue l’une des principales destinations récréotouristiques de la capitale avec un succès qui se répète d’année en année, ce que démontrent les études de fréquentation réalisées à la fin des étés 2013 et 2015.  Avec environ 3 millions de visites en 2015, la promenade  a atteint une affluence qui a dépassé les attentes et un niveau de satisfaction auprès des répondants de 100 %[2].

La Commission de la capitale nationale du Québec a donc joué brillamment son rôle d’instigateur dans l’aménagement de sites emblématiques de la capitale. Respectant sa mission, elle a su faire preuve d’une vision porteuse d’avenir. Elle a su poser les gestes essentiels pour préparer les bases du projet et être prête à répondre à la demande du gouvernement du Québec, laquelle représentait un défi de gestion élevé dans le respect des budgets et des échéanciers.

Forte du succès remporté par la réalisation du premier jalon d’une vision intégrée du littoral, la Commission de la capitale nationale du Québec poursuit, avec le ministère des Transports du Québec et la Ville de Québec, la planification des phases 2 et 3. Le remaillage de Québec au fleuve et la reconquête de ses rives est sans conteste un processus urbanistique à long terme, mais ils auront permis à Québec de se positionner comme une capitale plus accueillante et verte, mémorable et inspirante, s’affichant comme le véritable lieu de rassemblement de tous les Québécois.


[1] Nathalie PRUD’HOMME, Québec 2008 : À la reconquête des rives du Saint-Laurent. ARQ Architecture Québec, mai 2008, p.8.
[2] LÉGER, Portrait des usagers de la promenade Samuel-De Champlain. Rapport d’analyse  d’une étude de profil, provenance et achalandage réalisée à l’été 2015, 2015.