Canadian Institue Of Planners

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Harold Spence-Sales FICU (d)

 
Harold
Le Canada se souvient de Harold comme le fondateur du tout premier programme universitaire en urbanisme du pays, à l'Université McGill, mais son héritage va au-delà des murs du campus, et même au-delà de la légion de sommités qu'il a formées. Par son travail sur la préparation des plans municipaux, sur la législation en matière d'urbanisme, sur l'esthétique urbaine, et sur la création d'installations artistiques urbaines, il a laissé sa marque sur le paysage de chaque province.
Né au sein d'une famille riche de Lahore, au Pakistan, Harold Spence-Sales a suivi une formation en architecture au Victoria College de Wellington, en Nouvelle-Zélande, avant d'aller parfaire son éducation au sein de l'Architectural Association de Londres, où il étudia l'urbanisme. En collaboration avec un camarade étudiant, John Bland, qui deviendra plus tard le directeur de l'École d'Architecture de McGill, Harold a fondé à Londres un brillant cabinet d'urbanisme et d'architecture, et a remporté plusieurs concours au cours de sa carrière. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il a travaillé en tant que « représentant désigné », recherchant et aménageant des sites appropriés pour l'installation d'usines de fabrication de matériel de guerre, avant de se réorienter, plus tard, vers les plans de réaménagement.
Convaincu d'intégrer McGill en 1946, il a rejoint John à l'École d'architecture et a immédiatement commencé à mettre en place un programme d'enseignement supérieur en urbanisme, auquel les étudiants pouvaient s'inscrire auprès du département de leur diplôme universitaire, et ainsi faire leurs études sous son égide. Le travail en studio se trouvait au cœur du programme d'études, et se concentrait le plus souvent sur la marotte du moment de Harold.
À l'époque, on supposait que les professeurs enseignant des matières professionnelles complèteraient leur revenu avec leur activité, une pratique rendue en effet obligatoire par les maigres salaires que ces derniers percevaient. Les étudiants de Harold avaient donc la possibilité de se frotter à un vaste éventail de projets très réels : révision de la Loi sur l'aménagement du territoire de l'Alberta et de Terre-Neuve, mise en place de structures de planification urbaine pour des villes comme Vancouver et Edmonton, plans municipaux ou plans de réaménagement de zones centrales pour Prince Albert, Sudbury, Cornerbrook, Sept-Îles, la ville de Mont-Royal, Charlottetown, Edmonton, Vancouver, Westmount, Beaconsfield et Montréal. Certains de ces travaux ont été entrepris en collaboration avec John. Ce programme a vu la planification urbaine et la construction de nouvelles villes, telles que Preville (aujourd'hui à Saint-Lambert, au Québec) et Oromocto au Nouveau-Brunswick.
Harold était un homme pour qui l'esthétique était une passion, tant dans les environnements construits que dans les paysages. Dans le cadre de sa méthode de conception, il commençait toujours par se familiariser avec la forme et le ressenti du terrain qu'il devait aménager. Il s'absorbait complètement dans la forme, la texture, la couleur, le régime d'écoulement des eaux et la végétation. Il enseignait la sensibilité environnementale bien avant que l'on commence à formuler les premières idées sur l'intégration de la nature dans l'urbanisme. Ses écrits incluent notamment How to Subdivide (1949), A Guide to Urban Dispersal (1956) et Beautifying Towns (1967).
Pour le campus de McGill, il a insisté pour planter les tilleuls que l'on peut admirer le long de la promenade située à l'avant du campus, ayant prédit la disparition des ormes plantés par le fondateur du fait de la maladie hollandaise de l'orme. Il a également organisé le stationnement, alors plutôt aléatoire, en emplacements savamment dissimulés, et a secrètement fomenté la mort du Gingko qui occultait la tombe des fondateurs de l'université, ainsi que la magnifique façade du bâtiment des Arts. Il était réputé pour être un habitué plein d'esprit, provocant et parfois même outrancier du Cercle universitaire de McGill, qu'il fréquentait avec ses amis Frank Scott, Jim Mallory, Kenneth Hare et bien d'autres encore. Un portrait de lui exécuté par Arthur Lismer trône même dans le couloir du deuxième étage.
En 1970, la vie de Harold prit un tournant : il quitta McGill pour la Colombie-Britannique avec la célèbre artiste Mary Filer. Là-bas, son activité de consultant en urbanisme a continué de prospérer, et son travail artistique de s'épanouir. Il a commencé à se concentrer de plus en plus sur les nouveaux environnements résidentiels. Il aimait rappeler à ses étudiants que « les banlieues sont le berceau de toute civilisation » et qu'elles devaient être conçues avec soin. En association avec le promoteur immobilier Genstar, il s'est lancé dans la conception avant-gardiste des premiers bassins de rétention des eaux de pluie d'ornement, au lieu d'installations robustes et à usage industriel, tant pour diminuer les coûts que pour embellir le paysage, tout en garantissant la recharge des aquifères.
De sa collaboration avec Mary sont nées de nombreuses installations, résultant le plus souvent de la fusion des prestigieux travaux de verrerie de Mary et des représentations des formes urbaines et architecturales de Harold. L'une de ces œuvres est exposée dans le vestibule du campus du centre-ville de Vancouver de l'université Simon Fraser. Ses extraordinaires talents ont valu à Harold un statut de Fellow de l’Institut canadien des urbanistes (1978), un poste de professeur émérite à McGill (1987) ainsi qu'un statut de membre honoraire de la British Columbia Association of Landscape Architects (1998). Avec Mary, il s'est vu décerner un diplôme honorifique de l'université Simon Fraser (1991) pour sa contribution aux arts. McGill offre une bourse d'études en son nom.
Sa pensée originale et son approche imaginative de l'urbanisme ont influencé des générations d'urbanistes canadiens. Harold Spence-Sales est décédé à Montréal en 2004. 
 
(Biographie adaptée principalement des textes de Jean Wolfe et de William Perks)