Par Deborah Morrison, PDG, Institut canadien des urbanistes

Le Parlement a ouvert une nouvelle session et, pour certains membres du conseil d’administration de l’ICU, il s’agissait de leur toute première visite sur la Colline du Parlement. Profitant d’une réunion du conseil d’administration à Ottawa, six membres du conseil se sont répartis en deux équipes et, pendant une journée et demie, ont passé les contrôles de sécurité pour assister à dix réunions avec des représentants élus des deux côtés de l’échiquier politique, ainsi qu’avec des hauts fonctionnaires de ministères clés.

L’objectif principal de ces réunions était d’informer les fonctionnaires du mémoire prébudgétaire de l’ICU, des recommandations pour le programme Maisons Canada et d’autres priorités identifiées lors du sondage électoral mené auprès des membres au printemps et des groupes de travail nationaux sur les politiques organisés pendant l’été. Ces réunions ont constitué une première étape cruciale pour établir des relations, rehausser notre profil au sein des cercles décisionnels et mieux faire connaître la valeur des urbanistes professionnels.

De nombreux sujets politiques ont été abordés lors de ces réunions. Nous avons plaidé en faveur d’un rétablissement de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme, afin d’accélérer l’immigration au Canada, dans le but de contribuer à pallier la pénurie d’urbanistes. Cela est particulièrement important compte tenu de l’augmentation prévue des activités de développement au niveau fédéral.

Dans le domaine du logement, nous avons souligné la nécessité pour le gouvernement fédéral de concentrer ses propres investissements sur l’augmentation de l’offre de logements sociaux et de logements avec services de soutien, tout en encourageant le gouvernement à s’attaquer au coût du logement par le biais de crédits d’impôt et d’autres incitations destinés à la fois aux futurs propriétaires et aux promoteurs immobiliers.

L’ICU a fourni un exemple concret de la manière dont nous pourrions collaborer pour réduire les retards et les dédoublements entre les municipalités grâce à la création d’un répertoire national alimenté par l’IA et contenant les plans d’aménagement du territoire, les zonages et les évaluations des règlements municipaux. Cela permettrait aux collectivités de disposer de données comparatives provenant d’autres juridictions à travers le Canada.

Nous avons également discuté des compétences et de l’expertise que les urbanistes professionnels peuvent offrir pour soutenir les communautés touchées par d’éventuels projets nationaux d’envergure. L’ICU a proposé la création d’un service national de conseil en urbanisme et d’un corps de jeunes que nous sommes prêts à coordonner, afin de fournir des conseils, un soutien et des ressources aux collectivités rurales, éloignées et autochtones.

Les membres du conseil d’administration ont été chaleureusement accueillis par les parlementaires et les hauts fonctionnaires. Beaucoup ont profité de l’occasion pour poser des questions détaillées sur le travail des urbanistes. Peter Fragiskatos, secrétaire parlementaire du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, a salué la perspective à long terme adoptée par les urbanistes, qui est parfois négligée par d’autres acteurs du développement. Tous se sont montrés réceptifs à l’idée d’un dépôt national des plans, des zonages et des modifications aux règlements municipaux. Scott Aitchison, ministre fantôme du Logement, de la Diversité et de l’Inclusion,a réagi en déclarant qu’il soutenait tout ce que les urbanistes pouvaient faire pour accélérer le processus; il a encouragé les urbanistes à simplifier les processus autant que possible et à ne pas hésiter à « camper sur leurs positions » pour défendre leurs propositions auprès des conseils municipaux.

Chaque réunion a abordé la question du Bureau des grands projets du Canada et ses répercussions potentielles sur les collectivités rurales, éloignées et autochtones. Il était clair qu’il y avait un consensus bipartite à ce sujet; beaucoup estimaient que la période actuelle était sans précédent pour investir dans la croissance économique et les possibilités à long terme. De nombreux responsables ont indiqué qu’ils réfléchissaient aux questions auxquelles les urbanistes sont confrontés chaque jour : la participation des collectivités au processus, l’évaluation des besoins en matière d’infrastructures et de services et l’atténuation des impacts climatiques, sociaux et culturels. L’honorable Buckley Belanger, secrétaire d’État au Développement rural, a reconnu le rôle essentiel que les urbanistes joueront dans la réalisation des ambitions du gouvernement fédéral en matière de grands projets, déclarant : « Si vous voulez faire quelque chose de bien, vous devez bien le planifier. »

Les prochaines étapes de notre action de plaidoyer auprès du gouvernement consisteront à assurer le suivi auprès des responsables de Maisons Canada et du Bureau des grands projets afin d’étudier comment l’ICU et les urbanistes professionnels peuvent mieux soutenir ces initiatives. Cela pourrait se traduire par le développement des propositions ci-dessus, l’organisation de consultations avec les urbanistes au nom des responsables du ministère ou l’offre de formation aux membres sur les nouvelles politiques et programmes fédéraux dès leur annonce.

Les urbanistes peuvent contribuer à réaliser le plein potentiel des investissements fédéraux en créant de la certitude, en favorisant les opportunités et en accélérant la croissance économique grâce à une conception communautaire résiliente. Nous invitons les membres intéressés à s‘impliquer davantage dans le travail de défense des intérêts et d’élaboration des politiques à communiquer avec nous et à nous faire part de leurs domaines de spécialisation.